À ce jour l'espéranto

Dans un monde de plus en plus relié par les nouvelles technologies la langue internationale espéranto suscite un regain d’intérêt, notamment auprès des jeunes qui cherchent une voie alternative à la communication internationale. Zamenhof, le créateur de l’espéranto, est né en 1859, et l’on a fêté le 150e anniversaire de sa naissance partout dans le monde et plus particulièrement lors du congrès international (Universala Kongreso) qui a eu lieu en 2009 à Bialystok sa ville natale. Lors de ce congrès on a officiellement reconnu la nouvelle association d’espéranto de Mongolie. C’est d’ailleurs en Mongolie qu’aura lieu le prochain congrès international. On assiste aussi à une intérêt croissant pour l’espéranto en Afrique : des associations nationales d’espéranto se sont créées ou recréées en Angola, eu Bénin, eu Burundi, au Tchad, en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Cameroun, en République Démocratique du Congo, à Madagascar, au Mali, au Nigéria, en Afrique du Sud, en Tanzanie, au Togo et au Zimbabwe. La ville d’Herzberg en Allemagne est officiellement désignée comme « la ville de l’espéranto » : c’est là que se concentrent plusieurs activités liées à l’espéranto, sous l’égide de la municipalité. Quelques objectifs ont été atteints dans le domaine de la culture espérantistes, entre autres le lancement de la revue littéraire Beletra Almanako et une grande encyclopédie en anglais sur la littérature originale en espéranto. Voici quelques autres faits donnant un aperçu de l’état actuel de l’espéranto.

Origines et buts La base de ce qui est devenu la langue internationale espéranto est un livret édité à Varsovie en 1887 par le docteur L.L. Zamenhof. L’idée d’une langue internationale construite, conçue non pas pour remplacer les langues ethniques mais pour servir de deuxième langue pour tous, n’était pas nouvelle mais Zamenhof avait constaté qu’une telle langue devait pour fonctionner se diffuser et être utilisée de manière collective. Il a donc limité sa proposition initiale à une grammaire minimale et un lexique concis. L’espéranto est maintenant diffusé de manière large, avec une communauté de locuteurs répartis dans le monde entier et des possibilités d’expression qui n’ont rien à envier aux autres langues. De nombreuses idées de Zamenhof sont les précurseurs de celles du fondateur de la linguistique moderne, Ferdinand de Saussure (dont le frère René parlait espéranto).

Caractéristiques L’espéranto est à la fois une langue écrite et parlée. Son lexique puise ses racines essentiellement dans les langues d’Europe occidentale, alors que sa syntaxe et sa morphologie sont fortement influencées par les langues slaves. Les morphèmes de l’espéranto sont invariables et combinables à l’infini pour former de nouveaux mots, ce qui donne à la langue des caractéristiques communes avec les langues dites isolantes comme le chinois alors la structure interne des mots présente des similitudes avec les langues agglutinantes comme le turc, le swahili et le japonais.

Diffusion La langue des débuts consistait en un millier de racines, à partir desquelles on pouvait former 10 000 à 12 000 mots. Aujourd’hui les dictionnaires d’espéranto contiennent souvent 15 000 ou 20 000 racines permettant de former des centaines de milliers de mots et la langue continue d’évoluer. L’Académie d’Espéranto surveille les tendances actuelles. Au fil des ans, la langue a été utilisée pour presque tous les buts imaginables, certains étant parfois problématiques ou sujets à polémiques. La langue fut parfois interdite et ses locuteurs persécutés, notamment par Staline qui la considérait comme langue « cosmopolite » et par Hitler pour qui c’était la langue des Juifs (Zamenhof, le créateur de la langue, était juif).

Utilisateurs Le nombre de personnes capables de parler espéranto a depuis longtemps atteint un tel niveau qu’il est impossible de les dénombrer, de même qu’il n’est par exemple pas possible de compter le nombre de personnes qui parlent anglais ou chinois dans le monde. Une simple recherche de « espéranto » dans Google donne plus de 65 millions de résultats. La quantité de livres vendus, le nombre d’utilisateurs inscrits sur des sites en espéranto et les statistiques des associations d’espéranto montrent que le nombre de personnes connaissant à des degrés divers l’espéranto peut être estimé à des centaines de milliers voire des millions. Il s’agit vraiment d’une grande communauté internationale : UEA, l’association internationale d’espéranto, a par exemple des associations adhérentes dans plus de 70 pays et des membres individuels dans deux fois plus de pays. Il existe également des gens pour qui l’espéranto est une langue maternelle, ce qui arrive par exemple lorsque leurs parents viennent de pays différents et qui utilisent l’espéranto à la maison. On estime à un millier le nombre de personne ayant ainsi l’espéranto comme langue maternelle.

Enseignement de l’espéranto On peut rapidement commencer à communiquer en espéranto. Cela fait de l’apprentissage de l’espéranto une introduction idéale à l’étude des langues étrangères. Après quelques semaines d’études on est normalement capable d’utiliser l’espéranto dans la correspondance et après quelques mois, on peut voyager à l’étranger. On observe souvent, bien que ce soit de manière expérimentale et informelle, que l’étude de l’espéranto a des effets positifs sur l’apprentissage d’autres langues. Bien qu’il soit enseigné dans certains écoles ou cours pour adultes, on apprend souvent l’espéranto en autodidacte, par correspondant ou sur Internet. On trouve par exemple des cours sur le site internet lernu! (site existant en plus de 30 langues) ou sur le site francophone ikurso.esperanto-jeunes.org géré par l’association française Espéranto-jeunes. Il existe des manuels et du matériel d’apprentissage dans plus de 100 langues. Le Cadre de référence commun pour l’apprentissage des langues a aussi été traduit en espéranto et l’organisation américaine des enseignants de langues étrangères (American Council on the Teaching of Foreign Languages, ACTFL) a fait évoluer les normes officielles pour l’enseignement de l’espéranto. L’espéranto est une des langues proposées à l’examen qui est l’équivalent du baccalauréat en Hongrie. Pour plus d’information sur l’enseignement de l’espéranto, n’hésitez à visiter le site Internet www.edukado.net.

Reconnaissance officielle En 1954 La Conférence général de l’UNESCO a reconnu que les buts visés par l’espéranto étaient en accord avec les buts et les idéaux de l’UNESCO. Cela a marqué le début des relations officielles entre l’UNESCO et UEA, et la collaboration entre les deux organisations continue encore. EN 1977, le directeur de l’UNESCO, monsieur Mahtar M’Bow a fait une allocution lors du 82e congrès international d’espéranto et à inviter les états membres et les organisations internationale à faire progresser l’enseignement de l’espéranto dans les écoles et l’utilisation de l’espéranto dans les relations commerciales. UEA a également des relations officielles avec les Nations Unies et d’autres organisations internationales.

Réunions et rencontres Plus d’une centaines de rencontres internationale et un nombre incalculable de réunions à plus petite échelle, sans compter les réunions de clubs, sont organisées tous les ans en espéranto – tout cela sans interprète ni traducteur, pour des rassemblement allant de quelques dizaines à plusieurs milliers de personnes. La plus grande rencontre est le congrès international d’espéranto, Universala Esperanto Kongreso de Esperanto, qui a lieu chaque année dans un pays différent (en 2007 à Yokohama, en 2008 à Rotterdam, en 2009 à Bialystok, en Pologne), en 2010 à La Havane et en 2011 à Copenhague).

Recherches et bibliothèques Dans de nombreuses universités l’espéranto est évoqué dans les cours de linguistique, et certaines d’entre elles proposent des cours d’espéranto. Parmi celles-ci notons l’université de Poznań, en Pologne, qui prépare à un diplôme d’interlinguistique. La bibliographie de l’association américaine des langues moderne enregistre tous les ans plus de 300 publications spécialisées sur l’espéranto. La bibliothèque de l’association d’espéranto de Grande-Bretagne détient plus de 20000 volumes. Il y a d’autres grandes bibliothèques telles que celle du musée international d’espéranto (qui fait partie de la Bibliothèque nationale autrichienne, à Vienne) et la bibliothèque Hodler de UEA à Rotterdam, ainsi que les collections de Aalen en Allemagne. Celles de Vienne et de Aalen sont consultables par Internet et proposent un système de prêt international.

Contacts professionnels et domaines spécifiques Parmi les associations d’espérantophones on trouve aussi des associations professionnelles de médecins, d’écrivains, de cheminots, de scientifiques ou de journalistes, ainsi que des associations religieuses. Ces associations éditent le plus souvent leurs propres revues, organisent des conférences et aident à l’expansion de la langue pour des buts professionnels ou un usage spécifique. Un centre de recherche et de documentation sur les problèmes linguistiques mondiaux facilite la collaboration avec les universités. L’Académie internationale des Sciences de Saint-Marin organise des cours en espéranto et délivre des diplômes. Des œuvres originales ou traduites en espéranto paraissent parfois dans les domaines de l’astronomie, de l’informatique, de la médecine, de la biologie, du droit et de la philosophie. Il existe des associations spécialisées telles que celles rassemblant des scouts, des aveugles ou des joueurs de go ou d’échecs. On trouve aussi beaucoup de listes de discussions et de blogs.

Littérature La florissante tradition littéraire en espéranto est reconnue par PEN International, qui s'est doté d’une filiale espéranto en septembre 1993. Certains auteurs contemporains sont particulièrement remarquables, comme Trevor Steel (Australie), István Nemere (Hongrie), les poètes Mauro Nervi (Italie), Mao Zifu (Chine) et Abel Montagut (Catalogne), les essayistes et traducteurs Probal Dashgupta (Inde), Homphrey Tonkin (Etats-Unis) et Kuriso Kei (Japon). L’Écossais William Auld (1924-2006) a, à plusieurs reprise, été candidat pour le prix Nobel de littérature pour sa contribution à la poésie.

Traductions Parmi les traduction récemment publiés, citons « Vintra Fabelo » (Un conte d’hiver) de Shakespeare, « La mastro de l’ringoj » (Le Seigneur des anneaux) de Tolkien, « Cent jaroj de soleco » (Cent ans de solitude) de García Márquez, « Maitreyi » de Eliade, « La lada tambureto » (Le Tambour) de Günter Grass, « La Princo » (Le Prince) de Machiavel et la grande saga familiale de Cao Xueqin, « Ruĝdoma sonĝo » (Le rêve dans le pavillon rouge). Pour les plus jeunes, on trouve entre autres des traductions de Astérix, Winnie l’Ourson, Tintin, Struwwelpeter et Fifi Brindacier (Pipi Ŝtrumpolonga, en espéranto). Toutes les aventures du lutin Moumin de l’écrivain finlandais Tove Jansson, tout comme les histoires d’Oz de L. Frank Baum sont disponibles en espéranto sur Internet. Parmi les traductions depuis l’espéranto, nous pouvons citer « Maskerado », édité en espéranto en 195 par Tivadar Soros, le père du financier George Soros, qui raconte la vie de sa famille pendant l’occupation nazie de Budapest. Ce livre est paru en anglais en Grande-Bretagne (2000) et aux Etats-Unis (2001), puis quelques années plus tard a été traduit en russe, en hongrois, en allemand et en truc. Le livre de Roman Dobrzynski, « La Zamenhof strato » a été traduit en plus de dix langues, les dernières traductions étant la traduction italienne (2009) et française (2008) (Le livre est paru en français aux éditions l’Harmattan sous le titre « La rue Zamenhof »)

Théâtre et cinéma Des pièces de théâtre aussi diverses que des pièces de Goldoni, de Ionesco, de Shakespeare ou Alan Auckbourn ont été représentées en espéranto ces dernières années. De nombreux drames de Shakespeare ont été traduits en espéranto. Côté cinéma, on peut, dans « Le Dictateur » de Chaplin, apercevoir des enseignes et des affiches en espéranto dans quelques scènes du film. Mais les longs métrages en espéranto sont assez rares. Citons cependant le film culte « Incubus », dans lequel l’acteur William Shatner parle uniquement en espéranto.

Musique La musique en espéranto concerne tous les genres : chansons populaires ou traditionnelles, rock, cabaret, chant choral, opéra. Quelques artistes et musiciens connus, tels que Elvis Costello ou Michal Jackson, ont même enregistré des chansons écrites en espéranto ou inspirées de l’espéranto ou ont utilisé l’espéranto dans les paroles de leurs chansons. Des orchestres classiques et des chorales chantent en espéranto. On peut trouver la musique en espéranto sur Internet. Il y a même des sites dédiés aux karaokés en espéranto.

Périodiques Plus d’une centaines de journaux et de magazines sont publiés régulièrement en espéranto, parfois également sous forme électronique. Certains périodiques mettent à disposition leurs archives en ligne. Certaines publications sont spécialisées en médecine, en science, on trouve des revues religieuses, des magazines pour les jeunes, des magazines éducatifs, des revues littéraires et des suppléments thématiques. On trouve aussi des magazines qui n’existent que sur Internet, comme par exemple le portail Libera Folio.

Radio et télévision Des émissions de radio en espéranto sont régulièrement diffusées depuis notamment Brésil, la Chine, Cuba, la Pologne et le Vatican. Il faut ajouter à cela de nombreuses émissions que l’on peut écouter sur Internet, ainsi que les podcasts qui maintenant sont très populaires. Des chaînes de télévision diffusent parfois des émissions ou des cours en espéranto, tel le cours en 16 leçons adapté par une chaîne de télévision polonaise à partir du cours « Mazi en Gondolando » de la BBC.

Internet La communauté des espérantophones est très grande et croît rapidement. Il existe plusieurs centaines de listes de discussion en espéranto sur des thèmes très divers allant de l’utilisation familiale de l’espéranto à la théorie de la relativité générale. L’espérant est beaucoup utilisé dans la messagerie instantanée (ICQ, IRC, MSN, Skype, etc.). Les pages en espéranto se comptent en centaines de milliers. Il existe aussi des logiciels qui fonctionnent en espéranto, par exemple des correcteurs orthographiques et grammaticaux et des configurations de clavier particulières permettent d’écrire en espéranto. Les logiciels Open Office, Firefox, IrfanView, l’environnement KDE et le système d’exploitation Linux UBUNTU sont disponibles en espéranto. Google, Wikipédia, Facebook, Ipernity proposent aussi une version en espéranto.